Pas d’invalidité grâce à l' »approche théorique » : nouvelles critiques

Comme on l’a souligné ici même depuis longtemps, les Offices AI pratiquent toujours davantage, avec l’aval du TF,   l' »approche théorique » : ils reconnaissent certes qu’un assuré ne peut plus exercer son ancien métier, mais ils refusent d’examiner concrètement les possibilités de réadaptation, au motif – formant un « texte-type » – qu’il existe sur le marché du travail un large choix d’activités accessibles à cet assuré (sans dire lesquelles et sans procéder à une analyse de ces prétendus postes). Or, lorsque – exceptionnellement – des tentatives de réadaptation sont faites, elles se révèlent très souvent non concluantes.  Signalons  ici le cas Isler (Tagesanzeiger 5 et 6.2.2013) :

Lourdement handicapée sur le plan orthopédique , Mme Isler reçoit une rente AI entière pendant 6 ans. Puis, brutalement, cette rente est supprimée en révision, après une expertise universitaire, indiquant que cette assurée peut travailler.  Mme Isler tente cela, mais on s’aperçoit rapidement de ses limites : elle ne peut pas être rentable pour un employeur. Donc les faits démentent l’approche théorique de l’expertise.

La suite de l’histoire est pour le moins étonnante :  se rendant compte  de cela (l’approche théorique est insoutenable) et voulant de ce fait rétablir la rente,  l’AI se fait établir une expertise de complaisance indiquant que l’invalidité est due … à des troubles psychiques, et cela de surcroît sans examen psychiatrique ! Heureusement pour Mme Isler, la rente est rétablie, mais elle est désormais classée parmi les patients ayant de graves troubles de personnalité.Citons les commentaires de Andrea Fischer (TA du 6.2.2013), résumés :

 » On pourrait croire qu’un examen approfondi des possibilités professionnelles des assurés consitue la règle en AI. (…) Or, bien souvent, l’AI se contente de l’approche théorique, alors que seuls des essais en condition réelle sont probants, ce que l’OAI de Zurich admet lui-même (…) Cela rendrait plus acceptables aux assurés les suppressions de rentes. Mais si l’AI ne le fait pas, c’est qu’elle veut absolument atteindre son but, qui est de supprimer des milliers de rentes pour faire des économies. Or, la crédibilité de l’AI ne se mesure pas (seulement) aux économies qu’elle réalise, mais aussi à la façon dont elle y parvient ».

Notre commentaire :

Le cas Isler s’est bien terminé pour elle, puisqu’il y a eu au final,  après le « couac »,  rétablissement de la rente.

L’approche théorique n’en est pas moins fausse, tant pour la décision intiale (rente ou non) que pour la révision quelques années plus tard (suppression ou non) : c’est à juste titre que la journaliste Fischer écrit : « Une appréciation purement théorique des possibilités de travail et de gain ne suffit pas ». Et les assurés sont particulièrement choqués par le fait que l’AI  – via « l’approche théorique » – ne leur propose rien, ni comme réadaptation, ni comme activité de substitution, alors que partout on proclame la primauté de la réadaptation sur la rente.

Voir aussi notre article du 24.2.2009, sur ce site.

PhN

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