Une rupture de prothèse de hanche, sans choc, n’est pas un accident LAA

En sortant de son véhicule, sortie assez difficile parce que la portière n’était pas entièrement ouverte, un assuré se fracture une prothèse de hanche. La question se posait de savoir si cette fracture de prothèse, nécessitant bien évidemment le remplacement de celle-ci, constituait un accident au sens de la LAA. L’assureur refuse ses prestations, ce que confirme le tribunal cantonal tessinois. L’assuré recourt au Tribunal fédéral.

 Cette autorité va dans le même sens. Quand bien même la prothèse était soudée à l’os, la rupture de cette prothèse ne peut être assimilée à une rupture de l’os lui-même, au vu des dispositions légales et de la pratique. Il n’en irait différemment que si cette rupture était due non pas à un défaut « interne » de la prothèse, mais à un choc assimilable à un accident. Par conséquent, le recours de l’assuré doit être rejeté, le TF estimant qu’il n’était même pas nécessaire de recueillir, par un échange d’écritures, la position de l’assureur et du Tribunal cantonal. Cet arrêt est cependant suffisamment important pour être officiellement publié

arrêt du 8 mars 2016, 8C_276/2015

rédigé en italien et destiné à publication officielle

Notre commentaire :
On pouvait hésiter. En ce sens, cette clarification est bienvenue, même si l’on peut déplorer cette distinction entre une partie « originale » du corps et quelque chose d’extérieur (prothèse) qui est soudé au corps.
De toute façon, la distinction qu’il faut presque chaque fois opérer entre un accident et une maladie, les prestations étant meilleures en cas d’accidents que de maladie, constitue l’une des activités fréquentes des avocats. Si la prothèse en question avait dû être posée à la suite d’un accident, et qu’elle vienne ensuite à se briser, on resterait dans une couverture accident. Mais en l’espèce la prothèse avait été posée en raison d’une arthrose de la hanche et non d’un accident.
Cet arrêt ne résout toutefois pas intégralement les problèmes posés par les possibilités actuelles de la médecine : il se peut en effet qu’un élément de corps humain soit artificiel, sans être pour autant une pièce mécanique rapportée. On peut imaginer par exemple de la peau fabriquée artificiellement, voire des éléments orthopédiques fabriqués par une imprimante 3D et intégrés au corps. À terme, une distinction entre la pièce rapportée et fixée dans le corps et un élément remplaçant une partie défectueuse du corps ne devrait guère pouvoir à notre avis être maintenue.

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